Le 22 mars 1782, naissance à la Malbaie de Mary «Polly» Nairne

La Malbaie en 1784
Aquarelle de James Peachy (BAC/LAC)
Mary Nairne à 24 ans
Copie d’un portrait miniature exécuté à Edimbourg
en 1806 au coût de 7£6
(reprod. Helen Morrison McMillan)

Mary est la septième des neuf enfants de John Nairne (1731-1802) et Christiana Emery (1744[?]-1828), les premiers seigneurs écossais de Murray Bay (La Malbaie). Deux soeurs, Magdelene (1767-1839), Mary Christine (1774-1817) et un frère (John (1777-1799) l’ont précédée ; Anne (1785-1797) et William Thomas (1787-1813) suivront. Trois autres enfants, Anne, John et Mary, sont morts en bas âge à la Malbaie en juin et juillet 1773. Mary est la seule enfant de John Nairne et Christine Emery dont la descendance, issue de son mariage avec Augustin Blackburn, s’est perpétuée jusqu’aujourd’hui au Québec et en Ontario.

Liste des enfants de John Nairne et Christine Emery
(Thomas Fisher Rare Books Library)
Université de Toronto
Nairne’s House and the Church at Mal Baie from Point Fraser
par John Arthur Roebuck    ca 1821-1824 – (BAC/LAC)

On sait peu de choses de l’enfance de Mary. À la fin du XVIIIe siècle, la Malbaie n’est encore qu’un petit village, une trentaine de maisons tout au plus, niché dans la magnifique nature de Charlevoix. La population est en partie canadienne-française et métisse, en partie écossaise ; s’y ajoutent à l’été des « sauvages » qui campent à l’embouchure de la rivière à saumons. Mary grandit entourée de sa famille et de quelques domestiques dans le confort du manoir seigneurial, une bâtisse de 50 pieds en pierre recouverte de planches. On peut imaginer qu’elle mène une vie relativement libre, qu’elle s’amuse avec les enfants du village, court les bois et vit loin des contraintes qui s’imposent normalement à une jeune fille de son rang. En effet, la correspondance de l’époque la décrit un peu comme une petite sauvageonne, son frère Tom la surnomme « sprightly Polly ».

George Street, St Andrew Church and Lord Melville’s Monument,
Édimbourg ca 1829 par Thomas Hosmer Shepperd
(British Library)

En 1795, tout change pour elle et son jeune frère Thomas; elle a 13 ans, il en a 11. Soucieux de leur donner une éducation qu’ils ne peuvent pas recevoir à la Malbaie, leur père les emmène en Écosse. À Edimbourg, ils sont hébergés par leur tante Mary Nairne (Mrs Adam Rowland), et ses soeurs, Anne et Magadalene, célibataires et indépendantes de fortune. Les trois soeurs formaient « a close knit middle class rather religious family ». Leur principale résidence se trouvait au 8 George Street, une des rues les plus élégantes de la ville. Ce fut sans doute un choc pour la « petite sauvageonne » de la Malbaie de se trouver tout d’un coup plongée dans la bonne société d’Edimbourg, entourée de trois tantes plutôt austères. Tandis que son frère Tom fréquentait le collège avec son cousin Alexander Ker, d’abord à Edimbourg, puis à Durham, dont l’Université est très ancienne, Mary recevait son éducation à la maison.

Sans doute « sprightly Polly » a-t-elle acquis les manières qui convenaient à sa classe sociale et à son rang. Mais si le plan était de lui trouver un parti avantageux dans la bonne société en Écosse, il a échoué : c’est célibataire qu’elle revient à la Malbaie en juin 1809 ; à l’âge de 27 ans, elle est une vielle fille, une « spinster ». Mais la « sprightly Polly » reprendra bien vite ses droits et fera la rencontre d’un fringant métis canadien français de dix-sept ans, tous les bouleaux de la rivière Malbaie s’en rappellent… On racontera plus tard la très belle et très triste histoire de Mary Nairne, du métis Augustin Blackburn et de leurs trois enfants William Ker, Jemima et John.

Je remercie François Tremblay qui m’a procuré une copie de la liste des enfants Nairne.

Sources
Cimon, Jean, Les temps de Charlevoix. Essai historique, Québec, Les Éditions GID, 2015.
Claveau, Jean-Charles, Les pionniers de la seigneurie de la Malbaie, Québec, Éditions Fleur de Lys, 1996.
Dubé, Philippe, Deux cents ans de villégiature dans Charlevoix, Québec, Les Presses de l’Université Laval, 1986.
Latouche, Marcel, Les Blackburn. Étude généalogique sur les Blackburn et leur implantation au Québec, Sainte-Foy, 1997.
Morrison McMillan, Helen, John Nairne, manuscrit, ca 1955.
Nairne, Malcolm Neum, Drumkilbo & Malbay. A Factual Story of NAIRNE Families Concerned. 1705-1830 (manuscrit BAC)
Wrong, George W., A Canadian Manor and it’s Seigneurs. The Story of a Hundred Years (1761-1861),Toronto, MacMillan, 1908. Un manoir canadien et ses seigneurs, traduction française par Claude Frappier avec une préface de Philippe Dubé, Québec, Les Presses de l’Université Laval, 2005.

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